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Dans l'Hexagone, le secteur de la construction aérospatiale – qui regroupe à la fois les activités propres à l'aéronautique et celles liées au domaine spatial – est désigné sous le code NAF 30.30Z. Toutefois, cette désignation ne suffit évidemment pas à en saisir les enjeux économiques. C'est pour cette raison que nous tâcherons tout d'abord d'en comprendre tous les tenants et aboutissants. Puis, dans un second temps, nous nous attarderons sur son aspect éminemment stratégique. Enfin, nous aborderons les problématiques notables du secteur, liées aux dépenses de R&D et à la volatilité des commandes.
Pour l'INSEE, la nomenclature d'activités française correspondant au domaine de l'aéronautique et du spatial inclut la construction d'avions, d'hélicoptères, de ballons et de dirigeables, ainsi que les véhicules spatiaux au sens large (satellites et orbiteurs habités, par exemple). Toutefois, le champ des activités concernées ne s'arrête pas là, puisqu'il intègre également la fabrication de simulateurs de vol, de missiles balistiques intercontinentaux – essentiels à la doctrine de dissuasion nationale – mais aussi la conception et la production de sous-ensembles pour les appareils précédemment évoqués. Dans ce cadre, de petites PME fabriquant des pièces de quelques centimètres à peine côtoient des groupes internationaux réalisant de grands assemblages tels que les fuselages, ailes, gouvernes ou bien encore les trains d'atterrissage.
Qu'il s'agisse de faire décoller, voler à 10 000 mètres et 900 km/h, puis atterrir un avion de ligne avec plus de 300 passagers à bord en toute sécurité, ou bien de propulser un missile balistique intercontinental depuis un sous-marin en immersion jusqu'à sa cible, à plusieurs milliers de kilomètres de distance en quelques minutes, le secteur aérospatial requiert évidemment des techniques et savoir-faire éminemment pointus. De fait, les enjeux sont tels qu'aucune erreur, aussi minime fut-elle, ne peut être admise. Si le transport aérien figure régulièrement parmi les moyens de transport les plus sûrs, alors même qu'un A380 se compose de près de 7 millions de pièces, cela ne doit donc – heureusement – rien au hasard.
Par ailleurs, l'industrie aérospatiale est parfois qualifiée de « duale », en ce sens qu'elle fait référence à une activité à la fois civile et militaire, or c'est ce dernier aspect qui donne de facto à l'ensemble du secteur le qualificatif de stratégique. Pour exemple, en France, Airbus et Dassault figurent au premier rang des fournisseurs de l'Armée de l'Air. Outre le fait que cette situation conduise mécaniquement à une forte politisation de l'industrie, il en résulte également un soutien financier significatif de la part de l'Etat – mais cet état de fait se retrouve également outre-Atlantique, et plus généralement au sein de tous les pays possédant une industrie aérospatiale de taille notable.
Depuis le début de la décennie, l'industrie aérospatiale est un pourvoyeur d'emplois majeur en pleine croissance, ce qui se traduit par une certaine pénurie de main d'œuvre suffisamment qualifiée. Dès lors, quiconque possédant les compétences requises a de très fortes chances de se voir offrir un poste dans les plus brefs délais, ce qui mérite d'être souligné.
Pour autant, l'évolution de ce secteur au fil du temps n'a rien d'un long fleuve tranquille, et certains événements exogènes – tels que les attentats de 2001 ou la crise économique de 2008 – ont eu de sévères impacts négatifs, au travers d'un appauvrissement immédiat des carnets de commande. En effet, le secteur aérospatial est très dépendant du contexte économique et géopolitique – ainsi, comme évoqué précédemment, que du budget consacré par l'Etat à son arme aérienne.
Outre cette volatilité intrinsèque – car liée à l'épaisseur des carnets de commande à l'échelle globale – le risque économique s'avère très important, et ce pour une raison majeure : l'industrie aérospatiale produit de petites séries, et ne peut donc pas prétendre à des économies d'échelles.
De surcroît, considérant les technologies de pointe mises en jeu, les investissements en Recherche & Développement peuvent rapidement devenir un frein, les banques se montrant parfois frileuses face à de tels montants consacrés à l'innovation, et non à la production. Qui plus est, dès lors qu'il est question d'emprunter afin d'accroître des cadences, les créanciers s'interrogent sur la durabilité de ce besoin, car, comme nous l'avons vu, nul n'est à l'abri d'un retournement brusque de tendance. Cela étant posé, l'industrie aérospatiale participe considérablement au développement de l'emploi qualifié en France, aussi bien pour la conception que les essais, l'industrialisation, la fabrication, l'assemblage et la maintenance, sans négliger les métiers « supports » (informatique, logistique, hotline, achats, qualité, etc.).
En guise de conclusion, soulignons qu'au travers de ses besoins en jeunes ingénieurs qualifiés, et de ses productions encore largement Made in France/Europe – contrairement au secteur automobile, par exemple – la filière aérospatiale demeure un secteur d'avenir en France, et mérite donc que l'on s'y intéresse de près. Bien sûr, une nouvelle crise pourrait conduire à une baisse d'activité ponctuelle, et les acteurs du marché rencontrent souvent des obstacles financiers à leur croissance, mais sur le long terme, l'aéronautique et le spatial ne peuvent que continuer à se développer.
Photo : Sourav Mishra
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