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Avec près de 40 000 entités économiques réparties sur tout le territoire hexagonal, l’architecture est un secteur qui mérite que l’on s’y intéresse de plus près, et ce d’autant plus qu’au travers de ses mutations actuelles, il possède une importante « carte à jouer » dans l’économie durable de demain. Cette remarque s’applique tout particulièrement au cas de la ville de Lyon, et de sa périphérie immédiate, car cette aire géographique constitue, rappelons-le, la seconde agglomération de France par la taille. En outre, il s’agit d’un lieu fertile pour la création architecturale, et qui illustre parfaitement les défis – mais aussi les opportunités – de ce secteur pour les prochaines décennies.
Il suffit de se promener dans les rues de Lyon, de ses fameuses traboules jusqu’à ses grandes artères de métropole moderne pour constater que, de tous temps, un lien fusionnel a su naître et se développer entre cette ville et l’architecture.
Selon l’INSEE, les activités liées à l’architecture se retrouvent sous le code NAF 7111Z, qui concerne aussi bien la conception de bâtiments – jusqu’aux grands projets d’envergure – que le dessin de plans architecturaux « traditionnels », sans oublier l’urbanisme et l’architecture paysagère, ainsi que la délivrance de conseils avisés dans ces différents domaines. Outre l’Ile de France, de très nombreuses entreprises de ce secteur ont élu domicile en région Auvergne-Rhône-Alpes, et plus particulièrement autour de la capitale des Gaules, avec un effectif moyen juste en-deçà de 5 salariés à temps plein.
Sans prétendre à l’exhaustivité, citons notamment GRAND AIR, XANADU, CHABANNE & PARTNERS, METROPOLIS ARCHITECTES ASSOCIES et IMPOSTE. Soulignons aussi que la région lyonnaise regroupe plus de 15% des commandes annuelles en travaux d’architecture que l’on comptabilise en France. C’est certes un peu moins qu’autour de Paris, mais ce taux demeure remarquable, et positionne l’agglomération de Lyon comme un cas spécifique.
Concernant l’organisation du secteur, il convient de préciser qu’au cours de la décennie 1980, plus des trois quarts des architectes établis à Lyon travaillaient dans le cadre d’un exercice individuel, c’est-à-dire en étant inscrits comme « libéral ». A la même époque, les architectes regroupés en tant qu’« associés » représentaient à peine plus de 5% du total … or ce taux a été multiplié par 9 (!) à l’heure actuelle, et les libéraux ne « pèsent » plus que 50%.
Pour expliquer cette tendance, il faut bien comprendre que les locaux d’architectes se louent à des tarifs beaucoup plus élevés que par le passé, et les équipements nécessaires à cette profession ont également vu leurs prix s’envoler. Dès lors, une mutualisation des dépenses s’avère très appréciable. En parallèle, un nombre croissant d’appels d’offres contiennent des critères de sélection qui, de facto pénalisent les petites structures, or le volume global des commandes apparait en contraction. Dans ce contexte, seuls les grands cabinets peuvent prospérer.
Des formations permettent de devenir architecte sur Lyon, ville qui accueille dans ses environs immédiates – à Vaulx-en-Velin, pour être précis – l’une des ENSA (Ecole Nationale Supérieure d’Architecture) les plus réputées. Depuis le 12 mars dernier, cet établissement a d’ailleurs reçu le prestigieux label de Grande école, et tout en accueillant plus de 1 000 élèves, il permet d’accéder aux diplômes nationaux en architecture, de la licence au doctorat, en passant par le DEA (Diplôme d’Etat d’Architecte).
En outre, cette école est en mesure de délivrer un précieux sésame, en la forme d’une attestation permettant aux jeunes architectes de s’engager dans l’exercice de la maîtrise d’œuvre en leur nom propre, et de porter le titre d’architecte en s’inscrivant au Tableau de l’Ordre. Près d’un quart des élèves en architecture étudient dans l’agglomération lyonnaise.
Outre les évolutions précédemment évoquées du secteur de l’architecture, les statistiques démontrent clairement que son développement récent a été pour le moins laborieux. Toutefois, l’éveil des consciences vis-à-vis des bâtiments écoresponsables pourrait bien rebattre les cartes et offrir de belles perspectives de croissance.
A l’échelle nationale, le montant des travaux confiés aux architectes reste globalement stable depuis près de cinq ans, autour de 55 milliards d’euros. La situation n’est donc pas dramatique, mais cette absence de croissance peut néanmoins être perçue comme préoccupante, surtout si elle était appelée à se prolonger sur le long terme.
De façon intuitive, l’on comprend aisément que l’architecture soit étroitement liée au secteur du BTP, qui a beaucoup souffert de la crise économique et financière, il y a une décennie de cela. Depuis, le bâtiment se redresse, mais à un rythme bien plus lent que par le passé.
Qui plus est, les particuliers sollicitant un architecte dans le cadre de leur projet immobilier de construction neuve tend à décroître, avec un manque de compréhension des multiples rôles que peut jouer ce professionnel, au-delà de l’élaboration des plans – et ce faisant ils pourront notamment faire valoir leur implication dans les suivis de chantier.
Quant à la concurrence, elle s’est accrue, avec d’une part la disparition du numerus clausus régissant jusqu’alors ce corps de métier, et d’autre part les propositions « tout compris » des constructeurs / promoteurs. Autre facteur négatif, les contrats majeurs, qu’ils soient publics ou privés, sont également ceux qui permettent de dégager le meilleur rendement, or ils ont été accaparés ces dernières années par une poignée de grands cabinets.
Si la situation actuelle est donc pour le moins délicate en France, il faut tout d’abord la nuancer par rapport à celle que l’on rencontre dans la région lyonnaise. Ainsi, les nombreux chantiers de rénovation au cœur du quartier de la Part-Dieu – de l’immeuble Sky 56 à l’agrandissement de l’ancienne tour EDF, par exemple – ont généré un « sympathique » volume de travail pour les architectes, aussi bien libéraux qu'associés en cabinets.
En outre, l’impérieuse nécessité de concevoir des bâtiments plus économes en énergie – et donc plus respectueux de l’environnement – impliquera immanquablement un rôle accru des architectes, y compris à très court terme. Le métier va donc fortement évoluer, avec une plus grande prise en compte de l’urbanisme et de l’architecture paysagère, ainsi que de la maîtrise d’œuvre et de suivi du chantier. Selon les prévisions des spécialistes du secteur, il en résultera une approche à la fois plus variée, et donc plus généraliste.
En conclusion, ces changements sont absolument passionnants à analyser, et ils pourraient bien redonner toutes leurs chances à des structures plus petites, car plus agiles dans leur capacité à innover pour répondre aux défis environnementaux de demain. Puisque les architectes vont revenir sur le devant de la scène, ils pourront – et devront – s’engager pour que le grand public saisisse mieux toute la diversité de leurs champs d’action.
Pour dire les choses autrement, une partie du problème auquel se confrontent aujourd’hui de nombreux architectes réside dans le fait qu’ils sont perçus comme « un luxe » par leurs clients potentiels, avec des honoraires semblant déconnectés de la réalité. Charge à eux de justifier ces derniers par des prestations concrètes, pertinentes et attractives.
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