La flexographie

La flexographie est également un procédé d'impression directe, caractérisé par une forme imprimante en relief, réalisée en matière plastique souple ou en caoutchouc vulcanisé ; elle a longtemps été réservée à des impressions « grossières » sur carton ou papier kraft.

Le cliché caoutchouc remplacé

A l'heure actuelle, l'ancien cliché caoutchouc gravé à la main n'est plus utilisé. Il était fourni en plaque à l'épaisseur désirée, et selon les besoins, découpé au stylet dans sa masse manuellement. Le cliché caoutchouc fourni en plaque a été remplacé par un cliché moulé. Pour fabriquer ce dernier, il est nécessaire de réaliser un négatif, une gravure sur zinc ou magnésium, de fondre le caoutchouc dans le flan puis de rectifier le caoutchouc afin de récupérer la hauteur du cliché voulue.

Les contraintes de photogravure pour l'impression en flexographie.

La photogravure flexo passe avant tout par une anamorphose adaptée, par le respect des débords, par l'ordre de superposition des couleurs, celui-ci étant à déterminer en collaboration avec l'imprimeur chez lequel l'impression sera réalisée.
La photogravure flexo se différencie également de la photogravure offset par le grand nombre de tons directs employés, y compris en lieu et place des couleurs primaires.

Par ailleurs, le procédé en relief qui caractérise la flexographie et la souplesse du cliché photopolymère favorisent l'élargissement du point de trame (25 à 30 %) de façon nettement supérieure à l'élargissement constatée en offset (15 %).
De plus, la préparation des films nécessite un traitement du point selon des courbes de gradation et des balances de gris spécifiques.

La différence notable avec l'offset se situe au moment de la sortie des films ; ceux-ci sont des films négatifs micro-grainés de façon à adhérer de manière optimale au cliché lors de l'étape d'insolation des plaques et négatif en raison de la gravure en relief du procédé flexographique.

L'insolation des clichés

Procédé traditionnel nettement majoritaire pour l'heure. Deux phases d'insolation sont nécessaires pour réaliser les clichés :

  • Rayonnement UVA au dos ou « semelle » de la plaque, afin de durcir cette dernière en fonction d'une épaisseur déterminée préalablement (plus la semelle est importante, moins il y a de relief),
  • Retournement de la plaque et nouvelle insolation aux UVA au travers du film négatif.
Procédé numérique ou gravure directe à partir des fichiers au moyen d'un rayon laser. La gravure directe des plaques à partir des fichiers numériques permet d'utiliser des plaques sur lesquelles est couchée une très mince couche de photopolymère soit « noire et opaque » mais également appelée masque intégral ou de « graphite » en fonction du fabricant de ces dernières.
A l'inverse de la gravure directe des plaques pour l'offset, le film ne disparaît pas totalement lors de la gravure pour la flexographie mais il est inclus dans la plaque.La double insolation recto/verso du cliché est également valable en numérique.
Cependant, l'intérêt de la gravure numérique réside dans le fait qu'elle ne nécessite aucune mise sous vide et la relation parfaite entre le « masque » (celui-ci étant totalement exempt de colle) et le « polymère » supprime toute source de diffraction parasite de la lumière au moment de l'insolation.
La qualité du point de trame est de 18 microns en numérique contre 35 microns en traditionnel, cette qualité assurant une restitution quasi parfaite de l'image.

La révélation des clichés

A l'issue de l'insolation, qu'elle soit réalisée en traditionnel ou en numérique, les plaques sont soumises à l'action simultanée de solvants (perchloréthylène et alcool butylique) et à un brossage afin de révéler l'image latente. Les monomères non exposées aux UVA se dissolvent (elles correspondent aux parties sombres du film) et les zones exposées aux UVA devenues polymères (parties claires du film) se maintiennent en place. La plaque est ensuite séchée au four afin de lui faire retrouver sa stabilité dimensionnelle, puis elle est à nouveau exposée aux UVA, accompagnée d'un traitement germicide aux UVC afin de stabiliser et durcir la surface encore molle et gluante du cliché.

L'impression

Il est important de rappeler qu'à l'inverse de l'offset, la flexographie est un procédé « sec sur sec », c'est-à-dire que chaque couche d'encre déposée est séchée à la sortie de chaque groupe de façon à recevoir sans dommage le film d'encre suivant.
Adaptée au fur et à mesure de la création de nouveaux supports synthétiques, elle est aujourd'hui particulièrement recommandée pour l'impression de pellicules plastiques destinées à l'emballage (étiquettes auto-adhésives, sacs de caisse pour les grandes surfaces notamment, conditionnement du papier à usage sanitaire, conditionnement des terreaux et amendements, tickets de parking dotés de pistes magnétiques, etc.) mais aussi dans l'édition avec des applications très particulières dans l'impression des quotidiens ; dans le secteur de l'emballage, le procédé a déjà pris le pas sur l'héliogravure et on enregistre au niveau européen un accroissement moyen de 6 % depuis 1991.
L'impression flexo permet une exploitation peu coûteuse des équipements grâce à la rapidité de changement des cylindres mais aussi des calages, à des taux de gâche faibles, de même qu'un coût raisonnable des formes imprimantes.

Ce développement est essentiellement lié à l'accroissement de l'utilisation de la couleur rendue possible par l'évolution de la densité des trames des cylindres anylox* mais aussi par l'adoption du séchage UV qui apporte une meilleure qualité et une plus grande longévité aux produits imprimés. Son principe consiste à accélérer le processus de séchage des encres grâce à un module équipé de lampes.

L'impression en flexographie est réalisée à partir de rotatives au moyen d'encres adaptées aux nouveaux supports synthétiques. Celles-ci connaissent également un développement vers les encres UV cationiques. La technique de séchage UV n'intervient que sur les zones directement en contact avec le rayonnement ultraviolet.
Avec le procédé cationique, le processus de séchage poursuit son action jusqu'à ce que tous les éléments qui le composent soient secs. De plus, les encres cationiques sont inodores et intéressent vivement tous les imprimeurs spécialisés dans l'emballage alimentaire.

*Anylox ou anilox : rouleau encreur muni de micro perforations dont chaque alvéole se remplit d'encre par contact avec le rouleau encreur. Une racle permet d'en vider l'excédent. Trois différents types d'alvéoles sont proposés sur les cylindres Anylox (les alvéoles en pyramides inversées, les alvéoles quadrangulaires, les alvéoles tri-hélicoïdales). Ce type de cylindre permet un transfert plus régulier de l'encre sur la forme imprimante.

L'évolution du marché

La flexographie est un procédé d'impression qui s'adapte bien à des produits normalement traités en offset, notamment les cartes postales, les cartes de voeux et plus généralement pour tous les produits qui nécessitent une finition en ligne.
Les nouvelles rotatives flexo sont équipées de groupes de vernis, de pelliculage, de découpe et de mise en bobinette en ligne mais aussi de « délaminage/relaminage », c'est-à-dire qu'il est possible de décoller un adhésif de son support pour imprimer la partie collante puis ensuite de recoller le tout.
Les imprimeurs flexo s'intéressent également aux opérations de marketing direct comprenant des ensembles de documents (enveloppes, couponning, etc.) mais aussi aux courts tirages pour la production de boîtes pliantes.
L'impression numérique flexo est également en cours de développement et celui-ci permettrait aux imprimeurs d'accéder aux petites séries mais aussi de réaliser des prototypes pour des tests de marché.
Comme nous l'avons indiqué précédemment, nous n'évoquerons dans ce chapitre que les procédés d'impression faisant appel à une « forme imprimante » mais il est utile de préciser que cette forme imprimante peut être directe ou indirecte.

L'impression hélio en feuille


L'âge d'or des machines hélio feuille remonte à un peu plus d'un quart de siècle où elles étaient implantées dans le nord et l'est de la France, depuis la Picardie jusqu'à l'Alsace. Aujourd'hui les parcs sont beaucoup plus importants aux États-Unis, en Allemagne, en Suisse et dans les pays de l'Est.

La technologie hélio feuille est similaire à celle de la rotative : cylindre de cuivre gravé, utilisation d'encres spéciales, pression importante du cylindre de contrepression en cours d'impression et système racleur pour l'encre.

Après avoir construit des machines essentiellement monochromes, les constructeurs sont passés aux presses 2, 3, 4 et 5 couleurs, l'un d'entre eux ayant même sorti des presses en 8 couleurs. Par contre, la productivité des machines hélio feuilles est loin d'atteindre les performances des offset ; elles ne vont pas au-delà de 7 000 exemplaires par heure.

Comme en rotative, l'hélio feuille autorise des dépôts importants de pigments de l'ordre de 70 g/m², cette particularité les rendant inégalables pour la production des ouvrages haut de gamme et les emballages de luxe (parfums, cosmétiques, joaillerie, alcools haut de gamme, etc.).
De plus, ce procédé permet d'imprimer des supports extrêmement diversifiés : papier, aluminium, matières plastiques, matériaux complexes dont l'épaisseur peut pratiquement atteindre le millimètre et le grammage 400 g/m².

Outre l'utilisation de supports spécifiques, l'hélio feuille permet des dépôts d'encre aux tons très particuliers type les ors, les tons métalliques et les nacrés qu'aucune autre presse ne saurait réaliser.Hormis quelques rares emballages de luxe et des étiquettes qui sont encore imprimés sur ce type de machine, les imprimeurs les utilisent pour faire des reprises avec des teintes spéciales que l'on ne peut obtenir en offset ou pour préparer des fonds qui seront repiqués en offset.Les formats des hélio feuilles sont relativement limités et varient en fonction des constructeurs (52 x 74, 72 x 104, 74 x 104, 78 x 114, 104 x 144).


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