En proie à un contexte économique délicat, miné par un fort taux de chômage et d’importantes disparités sociales,
Mayotte vit une période de profonde mutation. L’évolution de son
agriculture et de son activité touristique témoigne d’ailleurs des
changements en cours dans cet archipel de l’océan Indien.
Une économie en difficulté
Située dans l’archipel des Comores, Mayotte est constituée de deux îles principales : Grande-Terre et Petite-Terre. Cette région ultrapériphérique relevant de l’Union Européenne compte également d’autres petites îles comme Bandrélé, Mbouzi et Mtsamboro. La plus grande ville est Mamoudzou. Avec une population de 250 000 habitants et une superficie de 376 km², cette terre bordée par l’Océan Indien (et plus précisément par le Canal du Mozambique) affiche la densité la plus forte de la France d’outre-mer. Aussi appelé Maoré dans la langue comorienne parlée sur l’île, ce territoire abrite une population jeune (60% a moins de 25 ans) et en forte croissance. En effet, selon les projections de l’ONU (Organisation des Nations Unies), le nombre de Mahorais et de Mahoraises devrait doubler d’ici 2050.
Avec un taux de chômage supérieur à la moyenne de la France métropolitaine, un salaire mensuel médian très bas (moins de 400 euros) et une immigration clandestine particulièrement importante, cette région connaît d’immenses difficultés économiques. De plus, elle souffre d’un système éducatif défaillant comme en témoigne le fait que 36% des Mahorais n’ont jamais suivi de parcours scolaire. A l’exception de l’agroalimentaire, du commerce et du tertiaire administratif (principal pourvoyeur d’emplois salariés), l’activité de l’archipel reste très réduite.
Une filière agricole en mutation
Traditionnellement, l’agriculture et la pêche
ont longtemps été considérées dans la région comme des moyens
d’autosuffisance alimentaire ou une manière de créer un complément de
revenu. Mais les programmes d’investissements, les conventions de
développement mis en place par l’Etat et la possibilité de bénéficier de financements provenant des fonds européens,
ont fait évoluer l’activité. Désormais, la superficie agricole utilisée
occupe la moitié des terres. Les principales productions locales sont le riz, le manioc, la banane, la mangue, la noix de coco et l’ananas. L’ylang-ylang (très présent dans les exportations), la citronnelle, la vanille
et la cannelle font aussi partie des spécialités agricoles de
l’archipel. Il existe également un élevage bovin, caprin et avicole. La filière pêche se scinde en deux axes : une pêche industrielle thonière
et une activité plus artisanale, principalement vivrière, dans laquelle
on retrouve des espadons, des langoustes, des crevettes ou encore des
mérous.
Un potentiel touristique peu exploité
Ce territoire, dans lequel le secteur industriel est quasiment inexistant
et qui connaît de profondes disparités sociales, dispose d’un
véritable potentiel touristique, pourtant peu exploité. Même si la
région a moins de plages de rêve que n’en proposent les voisines
Seychelles, l’Ile Maurice, les Maldives et Madagascar, l’île bénéficie
néanmoins de vrais atouts. La grande diversité des reliefs, les
randonnées autours du volcan éteint et du lac de Dziani Dzaha ou du
mont Combani, la présence de lémuriens, les lagons ou encore les sites
de plongée sous-marine permettant d’observer les poissons tropicaux
sont autant d’activités qui pourraient attirer les touristes. Mais les capacités hôtelières
de la région sont très limitées et, pendant très longtemps, il
n’existait pas de vol direct entre la France Métropolitaine et Mayotte
(presque la moitié des voyageurs se rendant sur l’île sont d’ailleurs là
pour des visites familiales). Ces facteurs contribuent à expliquer
le peu d’intérêt des touristes pour cette destination. Les
professionnels du secteur touristique cherchent à orienter leur
stratégie vers un positionnement « écotourisme » et tentent de cibler une clientèle à hauts revenus, délaissant les villages-clubs pour une quête d’authenticité. La riche et métissée histoire de l’île, mais aussi son arrière-pays et la luxuriance de sa végétation, constitueraient en effet un cadre intéressant pour le développement touristique de cette zone de l’outre-mer.